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Quels impacts du manque d’eau pour la moisson 2017 ?

Quels impacts du manque d’eau pour la moisson 2017 ?

Vous l’avez remarqué, même dans le nord de la France, on manque d’eau cette année! Ces quelques jours de canicule ont transformé notre région verdoyante du nord, en zone presque tropicale.

On a plutôt l’habitude, dans le nord, de chercher après le soleil, et on dit même qu’on a dans nos cœurs la chaleur qu’on ne trouve pas dehors… Mais cette année, on ne peut pas dire qu’il ait fait un printemps pluvieux. Les précipitations au mois d’avril ont été quasi inexistantes, et les températures de ces derniers jours, dignes d’un 31 juillet !

(source: http://www.meteo-lille.net/bilans-climatologiques.html)

On remarque bien sur ce graphique que nous sommes (à Lille) en déficit d’eau depuis septembre 2016, et qu’il y a des périodes où il est tombé bien moins d’eau que d’habitude, par exemple en Décembre et en Avril. On retiendra particulièrement le manque d’eau en Avril, qui est un moment stratégique pour la levée de beaucoup de cultures. Le manque d’eau a beaucoup ralenti grand nombre de cultures.

Le mois de mai n’est pas en reste, car bien que pluvieux, a aussi été victime des caprices de la météo.

(source: http://www.meteo-lille.net/bilans-climatologiques.html)

Nous avons été surpris par quelques gelées nocturnes début mai, qui sont intervenues alors que la culture n’était pas encore assez grande pour se remettre de cette épreuve.  Il y a eu par endroit des plantes qui n’ont pas résisté, mais plus globalement, cela a ralenti le développement des cultures. Dans certains cas, couplés avec l’action de bio-agresseurs, de seconds semis ont été nécessaires.

Toutes ces données météorologiques peuvent maintenant être précises à la parcelle. Des sociétés comme Weenat (https://www.weenat.com/) proposent aux agriculteurs des stations agro-météorologiques très localisées et en réseau. De plus un conseil est donné à l’agriculteur quant au besoin ou non en eau de ses cultures.

 

La qualité et la quantité ne garantissent pas un prix

On a vu que la qualité et la quantité sont fortement dépendantes des conditions de culture (notamment météorologiques), mais ce qui intéresse majoritairement l’agriculteur est de se dégager assez de marge pour continuer son activité. Les prix de la plupart des productions agricoles ne sont plus soumis aux quotas (exemple prochain, la betterave le  1er octobre 2017) . Pour rappel, les quotas ont été introduits dans le cadre d’une production agricole commune, de façon à stabiliser les prix et éviter une surproduction. Les prix sont aujourd’hui majoritairement fixés par les marchés de l’offre et de la demande mondiale, mais certains pays gros producteurs (USA, et Russie par exemple) étant souvent exposés à des conditions climatiques défavorables (sécheresse, incendies, tempêtes) les prix fluctuent beaucoup. Il faut également ajouter à cela de la spéculation sur certaines productions, qui fait varier, dans l’exemple du blé, les prix de 130€/T à 300€/T .

(source: http://www.finances.net/matieres_premiere/graphique/prix-ble/EURO)

Le prix du marché ne fixe pas directement la rémunération de l’agriculteur. Le blé doit respecter un certain cahier des charges, comme un taux d’humidité, une teneur en protéine, un poids spécifique,  de façon à être utilisable par l’industrie. Sans cela, il peut être déclassé et il peut rentrer dans des catégories d’alimentation animale, moins rémunérées.

Les agriculteurs peuvent choisir leur date de vente en fonction du marché (pour les plus « boursiers »), ou alors profiter d’un lissage par un prix moyen sur la campagne. Des Startups comme Biagri (  https://comparateuragricole.com/ )  permettent aux agriculteurs de vendre et d’acheter des céréales ou des engrais le plus simplement possible.

Le métier d’agriculteur est compliqué. Il faut comprendre et analyser des systèmes complexes du vivant, tout en prenant en compte des éléments imprévisibles de la nature. Une récolte peut s’annoncer très prometteuse jusqu’à un orage la veille d’une récolte. On se rappelle notamment il y a quelques années, avoir récolté des blés germés en septembre car l’été avait été très humide.

Tous ces paramètres impactent le moral des agriculteurs, car ils doivent faire un travail dont ils ne maîtrisent presque pas le résultat. Cela peut provoquer des remises en question, ou des indécisions quant aux actions à mener. Qui ne s’est pas demandé s’il devait semer tardivement cette année ou non ? ou alors lors de la moisson, à savoir si on attend une journée de plus pour faire baisser l’humidité, au risque d’avoir une parcelle versée au prochain orage. Les agriculteurs sont en général conseillés par les chambres d’agriculture ou les coopératives pour faire le meilleur choix.

L’Echange : un atout Majeur

Le bouche-à-oreille des agriculteurs est également très présent, car ils savent qu’en s’unissant et en partageant leurs connaissances, ils améliorent leur rentabilité. Que ce soit par intermédiaires de CUMA, de coopératives, ou de simples échanges entre voisins. Ils peuvent réduire leurs charges de mécanisation, tester de nouveaux matériels à moindre frais et s’entraider.

L’entraide chez les agriculteurs existe depuis longtemps, mais elle se structure aujourd’hui. il n’est pas rare de trouver des groupes d’agriculteurs organisant leurs chantiers ensemble en fonction des stades des cultures. Cela permet de répondre à un besoin de main d’oeuvre (les enfants et le conjoint ne sont plus autant investis dans l’exploitation qu’autrefois), mais également d’assurer des travaux de qualité. Les nouvelles technologies permettent aux agriculteurs de communiquer plus facilement, par exemple sur les réseaux sociaux, ou par vidéos. J’en profite pour signaler que Thierry agriculteur d’Aujourd’hui (https://www.youtube.com/channel/UCKpXbgTztfWrrNLx4w1EYKw), lance des formations sur sa plateforme: https://www.agriculteurdaujourdhui.com/ , véritable aide aux agriculteurs pour perfectionner leurs pratiques

A l’heure où j’écris cet article, la moisson a commencé dans le sud de la France il y a plus d’une semaine, et remonte petit à petit vers le nord (des escourgeons ont été battus il y a quelques jours avec des rendements étonnants (115 Qtx/Ha)).   Si la météo se maintient, les blés devrait commencer dans une dizaine de jours dans le nord. Aux dernières nouvelles, la qualité des grains et les volumes s’annoncent meilleurs qu’en 2016… si les températures redescendent un peu. Concernant les prix, les marchés indiquent 10€ de plus à la tonne ces dernières semaines. avec une diminution des stocks mondiaux et des conditions climatiques difficiles aux USA et en Australie, on peut penser qu’il continuera d’augmenter légèrement cet été.

Le agriculteurs commencent un moment très important de leur année. C’est à cette période qu’ils récoltent le fruit de leur travail effectué tout au long de l’année. Alors merci de penser à eux, s’ils font du bruit au milieu de la nuit, génèrent beaucoup de poussière, ou vous ralentissent sur la route, ce n’est pas pour vous déranger, mais pour vous permettre d’avoir des produits de qualité dans votre assiette.

Bonne moisson à tous!

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